Une coopérative, lancée en 2011 à Strasbourg, récupère les palettes en bois inutilisées. Grâce à son long travail d’ébénisterie, ces palettes abandonnées se transforment alors en mobilier et objets de décoration.
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L’entrepôt de Palettes de Solutions éveille les sens.
Partout des piles de palettes aux couleurs différentes, de la sciure qui jonche le sol, une senteur de résine omniprésente, le bruit d’une scie, des créations, des clous rouillés, des copeaux qui volent, de la poussière de bois, des battements de cœurs mécaniques et une radio qui diffuse ses notes en fond sonore…
Pierre Wolff, gérant bénévole de Palettes de Solutions, est ici dans son élément.
Pierre Wolff, pouvez-vous me présenter l’historique de Palette de Solutions ?
" Palettes de Solution est une association créée en 2011. C’est Monsieur Bellay, un de nos associés, qui a eu l’idée de ce projet et les moyens de le mettre en œuvre. Il a aussi trouvé ce nom, Palettes de Solutions.
Ce nom est pertinent, car nous avons de multiples solutions pour exploiter les palettes abandonnées. Nous pouvons fabriquer tellement de choses que cela fait un éventail, une palette de solutions. Ce nom évoque une infinité des possibilités.
Quelle est la marque de fabrique de votre coopérative ?
Pour mener à bien cette
entreprise, nous avons un projet écologique et social.
Social car nous faisons de la réinsertion professionnelle : les premiers salariés sont des chômeurs.
Écologique parce que les produits utilisés sont les plus naturels possibles. Nous souhaitons concevoir un mobilier qui permette de protéger l’environnement.
Social car nous faisons de la réinsertion professionnelle : les premiers salariés sont des chômeurs.
Écologique parce que les produits utilisés sont les plus naturels possibles. Nous souhaitons concevoir un mobilier qui permette de protéger l’environnement.
Sans nous, les produits
récupérés auraient été détruits. A proprement parler, nous
revalorisons.
Pouvez-vous me parler de votre matière première, les palettes ?
Bien souvent, les palettes nous sont données.Certaines palettes sont cassées, sont du déchet. Celles-ci sont donc peu ou pas utilisables.
Mais la plupart du temps, elles sont en bon état, voire d’un bois de bonne qualité: du pin et du sapin majoritairement. Parfois nous trouvons de belles sections, bien larges, de hêtre. Nous avons aussi des palettes d’arbre fruitier, du pin douglas,…
Quelles sont les activités de Palette de Solutions ?
Avant toute réalisation, nous faisons en amont de la recherche et développement sur ordinateur. Cela consiste en des dessins, des études et calculs. Cette phase est nécessaire pour assurer une fabrication viable conjuguant la sécurité, la solidité, la résistance et la durabilité de nos produits.
Une fois ce choix
effectué, nous sommes capables d’assembler des palettes pour créer des tables,
des transats, des chaises, des bancs des tables, des cadres photos, des
bibliothèques, composteurs, toilettes sèches, etc…
Quelle est la durée de vie de vos créations ?
Les créations ont une durée de vie comprise entre dix et vingt ans.
Bien entendu cela
dépendra de son entretien et de son environnement. Car le bois vit et bouge
toujours.
Votre coopérative est-elle rentable ?
Certes la palette récupérée, cette ressource, nous coûte à la base pas grand-chose. Mais le retraitement de ce déchet est un coût pour nous. Car une fois que la palette est récupérée, nous avons une bonne dizaine de planches à démonter. Le temps nécessaire pour cette phase rend ce bois plus cher qu’en scierie.
Cette phase de démontage est faite aujourd'hui à la
main (à l’aide d’un pied de biche, d’une masse, d’un cric de voiture).
En moyenne, pour une palette standard, nous passons quinze à vingt minutes pour la démonter en entier. Cette opération est chronophage.
En moyenne, pour une palette standard, nous passons quinze à vingt minutes pour la démonter en entier. Cette opération est chronophage.
Ci-dessous plusieurs vidéos, montrant différentes techniques pour démonter une palette. (Attention, certaines sont bruyantes.)
Pour faire ce métier,
il faut donc une volonté de fabriquer un produit écologique.
Mais malgré tout, nos
comptes sont équilibrés. Car nos clients sont prêts à mettre un peu plus d’argent.
Ils sont d’accord pour payer cette sorte d’éco-taxe à proprement dit.
En parlant de clients, quels sont les rapports que vous avez avec eux ?
Nous sommes proches du
client. Notre adaptation est complète. Chaque détail peut être modulé aux besoins du
client. Nos maitres mots sont : adaptabilité, sur mesure, à façon,
au besoin.
On aime aussi à avoir
des projets coopératifs.Parfois, nous faisons participer
les clients à la fabrication et à des ateliers. Pour leur montrer notre
travail, pour leur apprendre des choses. Nous sommes friands de ces activités annexes.
Les clients peuvent même
devenir des associés bénévoles, pour prendre une part symbolique dans la
société.
Et vous-même vous produisez des déchets. Qu’en faites-vous ?
Le rebus, c’est les palettes et le bois de mauvaise qualité. C’est ce que nous n’utiliserons pas. Nous le redistribuons aux utilisateurs de poêle à bois. De même pour les copeaux, nous les donnons aux propriétaires de composteurs ou de toilettes sèches."
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Le huit qui figure sur
leur logo prend alors tout son sens. La boucle est bouclée. Et comme le disait Antoine Laurent de Lavoisier, "rien ne se perd,
tout se transforme".
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